Bayrou «Talentueux, simple, direct» pour Libération
François Bayrou a réussi chez les agriculteurs une percée comparable à celle qu'il a réalisée chez les enseignants, maraudant sur les terres de la droite aussi bien que sur celles de la gauche et, surtout, dans des milieux dont on conviendra volontiers qu'ils ne sauraient mériter le qualificatif de «bobo». A 19 % d'intentions de vote, de toutes manières, il dispose d'une base bien plus large que l'étroit public de ces Parisiens bourgeois et bohèmes. Alors faut-il d'ores et déjà admettre le leader centriste dans «la maison commune de la gauche» dont Libération se flatte d'être l'une des expressions (sans rejeter pour autant quiconque viendrait de la droite) ?
Bonne
question. Après tout, François Bayrou a refusé de voter le budget
présenté par le gouvernement Villepin. Il s'est démarqué vivement
de la droite dans plusieurs interventions spectaculaires, par
exemple :
- Sur le dossier de la privatisation des autoroutes.
- Les
centristes ont fait barrage avec la gauche à la scandaleuse
dénaturation de la loi «SRU» qui prévoit la construction d'au moins
20 % de logements sociaux dans toutes les municipalités.
- Il s'est
attaqué de manière spectaculaire à l'empire TF1 quand les autres
candidats sont sur ce terrain d'une prudence de Sioux.
- Il propose
des réformes institutionnelles qu'Arnaud Montebourg n'a pas réussi
a imposer au PS. Il tient sur le social et l'économie des
raisonnements qui fleurent bon le mendésisme.
- Il a bénéficié du
ralliement d'un groupe de hauts fonctionnaires socialistes
regroupés sous le pseudonyme de Spartacus, un nom qui évoque plus
la rébellion que le conservatisme et derrière lequel on trouve, en
autres, la plume longtemps socialiste de Jean Peyrelevade. Bref,
n'en jetez plus, la cour centriste est pleine
- ...
Bref, François Bayrou est
clairement au centre. Centrisme révolutionnaire, selon
les voeux répétés du patron de
Marianne, Jean-François Kahn ? Auquel cas la gauche
officielle ferait bien de s'inquiéter.
Présent au second tour, dans un 22 avril qui ferait suite au 21
avril de triste mémoire, Bayrou serait à coup sûr un rempart contre
Sarkozy.
En
attendant, nos lecteurs ont raison de nous appeler sagement à
l'ouverture d'esprit. Le débat commence...