Sarkozy ou Royal : Les lecteurs de la presse étrangère ne sont pas des électeurs potentiels
Le scrutin présidentiel français suscite un vif intérêt hors des frontières de l'Hexagone. Tandis que les diplomates en poste à Paris décryptent la situation politique au profit de leurs gouvernements, la presse internationale, elle, a renforcé ses équipes pour faire vivre les grands moments de la campagne au public étranger.
Des Finlandais, des Grecs, des Américains, des Japonais, des
Qataris... : autour de François Bayrou, en campagne en banlieue
parisienne en ce mardi de mars, journalistes et cameramen de multiples
nationalités se pressent. (...)
Cet
engouement manifesté par les médias étrangers ne suffit pas pour autant
à leur ouvrir toutes les portes. De grandes chaînes de télévision
internationales n'ont pas réussi à être retenues parmi les heureuses
élues autorisées à filmer les débats participatifs organisés par
Ségolène Royal. La presse écrite est l'objet elle aussi d'un certain
ostracisme. Des quotidiens aussi prestigieux que le « Financial Times »
ou le « Herald Tribune » n'ont pu obtenir des interviews de la part de
Nicolas Sarkozy ou de Ségolène Royal. « Nos demandes formulées
depuis le début de la campagne n'ont pas abouti. Seul François Bayrou
s'est prêté à l'exercice. Nous avons le sentiment d'être considérés
comme des interlocuteurs de second rang. Il est vrai que la plupart de
nos lecteurs ne sont pas en même temps des électeurs potentiels »,
regrette John Thornhill, le directeur de la rédaction européenne du «
Financial Times », journal qui ne vend en France que 20.000 de ses
260.000 exemplaires.
Les représentants des candidats ont leur version du phénomène. « Nicolas Sarkozy préfère donner des interviews au moment où il entreprend un déplacement, comme ce fut le cas à l'occasion de son voyage en Espagne fin février. Il le fait en évitant de trop coller aux affaires quotidiennes, mais aussi d'apparaître comme président avant d'être élu », explique l'entourage du patron de l'UMP. « C'est une question d'agenda. Ségolène Royal a beaucoup vu la presse des autres pays dans les phases préliminaires de la campagne. Si elle répondait à toutes les sollicitations, elle y passerait 24 heures par jour », justifie pour sa part Elisabeth Guigou, du côté de la candidate socialiste. Les journalistes étrangers peuvent toujours se consoler en songeant que celui ou celle qui entrera à l'Elysée saura sans nul doute se rappeler à leur bon souvenir dès qu'il voudra renforcer sa stature sur la scène internationale.
Extrait des Echos - Quand la course à l'Elysée passionne les étrangers - JEAN-FRANÇOIS POLO