Eric Besson : Ségolène Royale, des catastrophes économiques programmées ...
Voici un extrait de l'entretien entre le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch et Eric Besson, ex-secrétaire national à l'économie du PS ...
Je le dis sans passion aucune, calmement mais fermement : ce que
construit Ségolène Royal dans cette campagne présidentielle est
mensonger et dangereux, pour la gauche et pour la France. Elle prétend
porter une rénovation démocratique? En réalité, elle construit un
pouvoir personnel. Elle attise la méfiance envers les élus et la
démocratie représentative. Elle joue de sa victimisation, elle
instrumentalise le féminisme, les souffrances des femmes et celles des
exclus, pour asseoir son pouvoir. Elle promeut une démocratie
participative qui n'est que mascarade. Elle fait croire aux citoyens
qu'ils seront les inventeurs de son programme, les vrais héros de son
aventure? Tout le monde sait que c'est faux. Seule sa propre gloire la
motive. Elle use et abuse de démagogie. Elle prétend briser des tabous,
mais elle ne fait qu'accompagner l'opinion dans ses pulsions
majoritaires. Et quand elle rencontre une résistance, elle édulcore, se
réfugie dans le flou, ne précise rien. Alors, tout est possible, tout
peut arriver. Rien ne peut être débattu, discuté, argumenté, puisque
rien n'est clair. A l'arrivée, c'est l'arbitraire, des décisions
incompréhensibles, l'opinion flattée, distraite, amusée, et des
catastrophes économiques programmées…
(...)
vous ne réalisez pas. En janvier dernier, Ségolène Royal avait
décidé, d'une phrase, de rayer tout notre avenir énergétique. Ça
s'était fait dans une discrétion émouvante, au détour d'une
lettre-réponse qu'elle envoyait à Nicolas Hulot : une lettre qu'un
conseiller avait rédigée et qu'elle avait signée, comme ça ! D'un coup,
elle s'engageait à amener la part des énergies renouvelables à 50% – et
non plus 20%, notre engagement initial, déjà très ambitieux. De fait,
elle tuait le nucléaire et elle hypothéquait notre avenir industriel…
Et ce sans en avoir débattu, sans en avoir discuté, sans avoir
argumenté, ne serait-ce qu'une fois, avec des industriels, des élus ou
des experts – ou même, tout simplement, à la télévision par exemple,
devant les Français! Non. C'était décidé, comme ça, à la sauvette!
(...)
La fausseté de la démarche était telle – est telle, continuellement –
qu'elle obère tout. Ses propres valeurs, elle ne les tient pas. Vous
vous souvenez des centres fermés et de l'encadrement militaire pour les
jeunes délinquants ? Ce tabou brisé dont on avait tant parlé, au
printemps dernier? Pouvez-vous me dire où en est cette proposition
aujourd'hui? Aux dernières nouvelles, il s'agirait d'organiser des
camps humanitaires pour jeunes délinquants en Afrique, encadrés par des
soldats ou des gendarmes… Mais c'est une blague ? Le développement, je
sais ce que c'est. L'Afrique, je connais ses besoins. Le tiers-monde,
ce n'est pas un terrain de jeu pour petits Français à problèmes, qu'une
politique rouée voudrait rééduquer de façon exotique. (…) Que des
militaires viennent appuyer et accompagner le travail des éducateurs,
cela ne me choque en rien. Mais toute une frange faussement humaniste
de la gauche a été heurtée dans sa bonne conscience. Manque de chance,
ces gens-là étaient précisément des partisans de Royal. Alors, elle a
battu en retraite, émoussé sa doctrine, inventé quelque chose de
poisseux et consensuel, donc de parfaitement indigne! Et c'est cela, la
politique autrement?
(...)
Ça commence à Villepinte, où Ségolène Royal a présenté son programme.
Les fameuses 100propositions, que l'immense sagesse des débats
participatifs avait inspirées… Vaste blague, évidemment, puisque tout
s'est décidé entre Ségolène et ses conseillers, dans l'opacité la plus
insupportable, à l'insu même des dirigeants du PS !