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Francois Bayrou
28 février 2007

François Bayrou : "Je me suis juré de sortir mon pays de la désespérance !"

                     


 

François Bayrou était l'invité de TF1, dans le cadre de l'émission "J'ai une question à vous poser". L'émission, empreinte d'une grande dignité et de grande hauteur, a permis au candidat à la présidence de la République de présenter ses mesures, la manière qu'il aura de conduire la Nation, de former un gouvernement d'ouverture et de rassemblement. La solennité, la gravité du moment ont marqué cette heure et demie d'émission consacrée à l'un des prétendants à la magistrature suprême. Pour preuve, cet hommage qu'il a rendu en introduction, aux trois Français assassinés en Arabie saoudite.

En revenant à l'épisode de la gifle il y a cinq ans, le candidat à l'élection présidentielle insiste sur la part de travail que les adultes doivent prendre dans l'éducation de leurs enfants. La fermeté, qui n'exclut pas l'amour ni la prévention. Il souhaite garantir à tous les enfants qui entrent en sixième le droit d'être suffisamment armés pour affronter le collège. Ils devront savoir lire, écrire et compter. "Ce serait de la non-assistance à enfance en danger, assure-t-il, que de les laisser errer sans ces acquis." Certains enfants, qui éprouveraient plus de difficultés, pourront bénéficier d'aides, et pourquoi pas psychologiques lorsque la situation l'exige. Ces dispositifs seront mis en place partout. Dans les campagnes, dans les banlieues, dans les villes. Personne ne doit être laissé sur le bord de la route.

Y compris les jeunes issus de l'immigration. François Bayrou se dit contre toutes les discriminations. Notamment la discrimination positive. Il estime que cela ne peut pas fonctionner en France. Cela implique des règles à édicter. Par exemple l'imposition du curriculum-vitae anonyme. Il remarque, dans ses rencontres avec des jeunes hommes et jeunes femmes qui ont réussi, que la barrière de l'entretien physique fait tomber toutes les réticences de l'employeur. Les différences s'estompent, selon François Bayrou. Ce n'est pas ce que la République devrait souhaiter, mais le principe de réalité prévaut parfois. Nous sommes une Nation. Ce que souhaite François Bayrou, c'est préserver le modèle républicain, en panne aujourd'hui. Pour cela, il devra prendre des mesures comme donner sa chance à chacun. Quelque soit le lycée où l'on étudie, un quota de places dans les grandes écoles devra être institué. Partout sur le territoire de la République. Cela concerne les études. Pour les entreprises, préserver le modèle républicain, c'est garantir à un étudiant diplômé qu'au bout d'un certain temps, il pourra bénéficier d'un emploi-formation qui puisse lui donenr une première chance.

Des chances justement, les syndicats dans l'Education nationale en sont. François Bayrou insiste sur ce point. Même s'il est conscient de l'impopularité que cela pourrait engendrer. Il rappelle qu'il fut ministre pendant quatre années en charge de ce secteur. Tout ce que cette période recèle de bonnes réformes est encore en place aujourd'hui. Le bac L, S, etc, les stages en entreprises furent des mesures que son ministère prit en co-responsabilité avec les syndicats qui sont des organes nécessaires dans une administration qui comprend plus d'un million de personnes.  "Dans ce secteur, rappelle-t-il, il ne faut jamais présenter une avancée comme une victoire."  Les décisions finales appartiennent toujours au ministre, mais elles sont accompagnées de l'accord des différentes parties.

François Bayrou est contre la "chasse au poste." Il veut se montrer en rupture avec la politique actuelle de réduction du nombre des enseignants. L'éducation est la question la plus cruciale de l'avenir. Face à la mondialisation, nous devons, selon l'ancien ministre, devenir plus forts que les autres en sciences, en recherche fondamentale, en développement. Nous nous devons de lui garantir les moyens dont elle doit disposer pour assurer sa mission de service public. Pendant au moins cinq années. Malgré la dette qui pèse sur tous. "Nous devons, affirme-t-il, écrire avec l'Assemblée nationale les objectifs à atteindre, car les moyens doivent être balancés par ces objectifs." François Bayrou veut éradiquer l'illetrisme. Aujourd'hui, vingt pour cent des enfants qui entrent en sixième sont pratiquement illétrés. "Je veux réduire ce taux à zéro." assène-t-il. Cela devra prendre au moins trois années pour améliorer les conditions d'enseignement, et trois autres années pour parvenir à ce but. En ce qui concerne les professeurs qui enseignent deux matières, ils seront récompensés par une prime, sur la base du volontariat.

Dans La décénnie des Mal-Appris, François Bayrou avait déjà dénoncé tous ces changements de méthodes d'apprentissage de la lecture, au début des années quatre-vingt dix. Mais il estime que ce n'est pas à un ministre de dire à un professeur comment enseigner à ses élèves. Il part du principe que chacun peut choisir sa méthode, pourvu qu'elle réussisse. Il propose que des expérimentations soient faites. On voit ce qui fonctionne. Le temps n'est plus où les ministres claquaient des doigts pour que tout change.

En matière plus politique, François Bayrou précise qu'il est favorable à l'émergence des compétence. La parade des élephants n'est pas ce qui l'amuse. Depuis vingt ans, il observe les manières de chacun. La guerre perpétuelle entre ce que fut l'UMP et le PS. Les embuscades que se tendent les uns qui sont pour et les autres qui sont contre. Il a vu la France peu à peu décliner. Il a vu la France peu à peu s'appauvrir. Les Français plonger dans le malheur. Il a décidé d'essayer d'analyser les causes de cet état de fait. L'UMP, le PS, il lui fut impossible de parvenir à une autre conclusion qu'il fallait changer. Choisir une autre manière de faire de la politique. Pour la première fois dans la V° République, il est monté à la tribune de l'Assemblée nationale et a voté en faveur d'une motion de censure au Gouvernement dont il fut pourtant l'allié quelques années auparavant. Il rappelle que de nombreuses fois, il aurait pu choisir le confort des lambris ministériels, des voitures avec chauffeur, le pouvoir pour le pouvoir.  Il a refusé pour se fixer une ligne de conduite : "Je donnerai la possibilité à des gens qui sont d'accord avec moi, de quelque camp qu'ils soient, de travailler dans mon gouvernement, si je suis élu président de la République." annonce-t-il. Il veut rassembler les Français au lieu de les diviser.

L'évidence veut que, s'il y a désaccord sur les questions essentielles, il ne pourra y avoir de rassemblement des forces, le rassemblement qui est affaire de volontés. En 1946, en 1958, le Général de Gaulle imposa aux partis de céder devant la logique de la réunion des forces vives de la Nation plutôt que d'obéïr à la seule logique des partis politiques. Ces querelles perpétuelles minent le pays. La dette qui se creuse, plus personne ne s'en soucie. Aujourd'hui, environ vingt-cinq pour cent iraient vers le PS et la même chose vers l'UMP. "Croit-on réellement, demande François Bayrou, que c'est avec une si faible assise que l'on peut mener un pays vers la voie de la rédemption ?" Il raconte cet épisode de sa vie politique : au lendemain du 21 avril 2002, il rencontre le Président de la république. Il le prévient qu'il sera élu avec plus de quatre-vingt pour cent des voix. En majorité des personnes de gauche, lui précise-t-il, voteront pour lui. Il lui demande instamment de créer un gouvernement d'ouverture. Jacques Chirac refuse et formera l'UMP, le parti unique, auquel s'opposera dès lors fermement François Bayrou.

Il reproche cette aventure de l'UMP notamment en regard de la dette incroyable qui pèse sur les épaules des Français, de leurs enfants, de leurs petits-enfants. François Bayrou, pour réduire cette dette, souhaite travailler avec des gens qui sont de tout bord politique. Dès le début de sa campagne électorale, il a fait serment de ne jamais apparaître devant une assemblée publique sans parler de la dette. Une dette trop lourde, qui représente plus de mille deux cents milliards d'euros. Sans compter les cinq ou six cents milliards d'euros de l'assurance-maladie. Cent mille euros par famille, affirme-t-il. Le prix d'une petite maison. Il propose quelques axes pour la réduire drastiquement :

Revenir en trois ans à une dette qui n'augmente plus

Revenir en six ans à un équilibre budgétaire

Inscrire dans la constitution l'interdiction pour tout gouvernement de proposer devant l'Assemblée nationale et le Sénat un budget de fonctionnement en déficit (sauf de grands investissements comme des écoles, des universités, des hôpitaux, des ensembles qui dureront sur plusieurs générations.)

Ouvrir des discussions avec les collectivités locales pour voir où l'on peut réduire les coûts de fonctionnement

Faire de l'Etat un exemple en matière d'économies. Ce sont dans les ministères où la décentralisation fut la plus forte qu'on a embauché le plus de fonctionnaires.

Enfin réduire symboliquement le budget de l'Elysée de vingt pour cent.

On lui a demandé, dans le cadre de discussions informelles sur le gouvernement qui pourrait mener cette politique, s'il pourrait nommer un premier ministre de gauche. La réponse fut "oui !" Il s'affirme contre l'Etat-PS, contre l'Etat-UMP. François Bayrou souhaite construire un Etat impartial et modeste. Dans lequel tout le monde, à partir du moment où chacun accepte les règles du jeu édictées au départ, est le ou la bienvenus.

A propos de la régularisation des sans-papiers, François Bayrou se dit en faveur d'un regard au cas pour cas, pour chaque famille. En fonction des efforts qu'elle aura fait pour s'intégrer. Mais il n'y aura en tout état de cause, pas de régularisation massive. Cette question sera évidemment débattue par le gouvernement formé, qui ira présenter sa politique devant l'Assemblée nationale. En ce qui concerne les élections législatives, il n'y aura pas de négociations de couloirs, pas de retour à la VI° République. Il énonce les différentes étapes institutionnelles qui sont les suivantes : le 6 mai, le président est élu. Il est investi officiellement le 17. Le président de la République nouveau entre alors en fonction. Il nomme un gouvernement élargi. Le 9 juin, les législatives seront l'occasion pour les Français de donner au président la majorité indispensable pour mener à bien sa politique. Ils voteront pour les hommes et les femmes qui se présenteront sous la bannière de la majorité présidentielle. "Cela nous permettra effectivement, estime François Bayrou, de mener une politique vigoureuse, où nous serons capables de prendre des mesures parfois impopulaires, mais dont les Français jugeront dans leur grande sagesse qu'elles sont indipensables pour leurs enfants, pour leurs petits-enfants."

François Bayrou répète qu'il n'a jamais cherché le confort. S'il l'avait voulu, il aurait pu accepter divers postes ministériels prestigieux. Mais cela aurait signifié renoncer à ce qu'il croyait de plus important pour la France. "Je ne croyais plus à tout cela, avoue-t-il. J'ai vu les limites de ce système. Je me suis juré alors de sortir mon pays de la désespérance où il se trouvait." Depuis 1981, poursuit-il, la dette a augmenté de six cent pour cent. Nous devrons établir avec les Français un rapport de confiance qui demandera du courage de la part de tous ceux et toutes celles qui prendront leurs responsabilités en l'accompagnant dans cette lourde tâche. François Bayrou, dans cette optique, demande solennellement aux candidats PS et UMP de cesser de promettre à tout-va. Alors que personne n'a le premier centime pour financer. Les campagnes électorales, selon le député des Pyrénées-Atlantiques, ne se gagnent plus avec des baguettes magiques et des pochettes-surprises.

C'est ainsi que pour redonner confiance à un pays en perte de vitesse, et qui dispose pourtant d'atouts extraordinaires, François Bayrou propose deux emplois sans charge pendant cinq années pleines quelque soit la taille de l'entreprise. Les artisans, les commerçants, les petites et moyennes entreprises n'auront ainsi qu'à supporter uniquement le salaire sur ces emplois nouvellement créés.  On retiendra quand même dix pour cent de charge pour financer les retraites.  Il y a en France deux millions et demi d'entreprises qui comptent moins de dix salariés. Cela pourrait constituer pour ce tissu économique une bouffée d'air frais extraordinaire. Il veut imposer aux grandes entreprises une limitation du nombre des emplois à temps partiel. Les abus observés sont trop nombreux. Il est temps d'y remédier, selon lui. François Bayrou veut également assouplir les trente-cinq heures. Notamment en rémunérant à trente-cinq pour cent au lieu de dix actuellement les heures supplémentaires. Pour ceux qui le souhaitent. Chacune de ces mesures doit être prise sur la base du volontariat, des personnes ayant adapté depuis quelques années leur mode de vie sur ces nouveaux horaires, pour qui il serait difficile de revenir dessus. Cette mesure ne coûterait rien, ni à l'employé, ni à l'employeur.

Ces décisions seront prises en concertation avec chaque membre du gouvernement, qui aura dû dire son accord avec les axes généraux prônés par le nouveau président de la République, François Bayrou. Par ailleurs, il estime inacceptable l'absentéïsme des députés français. Dans les réformes institutionnelles annoncées, il est notamment stipulé qu'un député absent aura l'interdiction de pouvoir voter, même par procuration. Quant au Parlement de Strasbourg, on ne sera pas payé lorsque l'on manquera un session du parlemen européen. En matière de politique européenne justement, François Bayrou se déclare hostile par principe à l'entrée de la Turquie dans l'espace européen. Il préfèrerait un partenariat privilégié. Quant à l'Europe elle-même, il propose que l'on instaure deux cercles concentriques. L'un regroupant des pays qui veulent commercer librement entre eux, l'autre plus restreint, qui accueillerait des pays qui veulent peser sur l'avenir du monde. En matière de défense commune, en matière de politique budgétaire, de politique agricole commune. L'Europe doit être une voix qui compte. Il proposera à l'horizon 2009 un nouveau traité constitutionnel plus lisible plus compréhensible par les citoyens. Et le soumettra à référendum.

En matière de politique étrangère, les menaces sont multiples, rappelle François Bayrou. Il exprime durant l'émission de TF1 sa gratitude à Jacques Chirac pour sa position courageuse dans l'affaire irakienne. Les difficultés politiques furent nombreuses avec le présidentde la Républqiue. Mais sur ces grandes questions, il lui reconnaît une vision qu'il espère lui-même développer. Il estime qu'on a en Irak, libéré des démons bien difficiles à faire rentrer dans leur boîte. Ces questions du proche et du moyen Orient, estime-t-il sur un ton grave, sont lourdes. Les conflits internes à l'islam, par exemple. En Iran, les démocraties du monde doivent savoir se montrer solidaires face à l'arbitraire. Les nations du monde ont signé un Traité de non-prolifération nucléaire qui stipule que tout signatairepeut disposer du nuclaire à application civile (électricité, énergies diverses) et exclut toute utilisation militaire. « Nous devons utiliser tout l'arsenal diplomatique à notre disposition. Notre influence diplomatique. Des sanctions éventuellement. Et au maximum éviter le conflit armé. » admet François Bayrou qui s'alarme des bruits de botte provenant de Washington.

Le Proche-Orient et l'Afrique sont voisins. Leur destin diverge. Le sort fait à l'Afrque est affreux. Il est illusoire, selon François Bayrou, de vouloir empêcher l'immigration. Les pauvres iront toujours chez les riches. Peu importe les barrières, les frontières, les murailles, les miradors. Ce dont l'Afrique a besoin, c'est de se développer. Il propose donc un plan Mashall tel que nous-mêmes, Européens, avons pu en bénéficier. Nous devons commercer équitablement avec l'Afrique. Changer nos comportements à son égard. Nous lui devons protection et soutien, en plus du respect qui lui était dénié jusque là. Nous avons à garantir aux Africains qu'ils pourront nourrir leur famille à leur faim chez eux, produire, s'équiper, et vendre afin de développer leur pays.

François Bayrou conclut sur le difficile problème des Harkis dont il estime que le sort qui leur fut réservé est indigne de notre République. Il leur promet le respect de la Nation, la reconnaissance de leur existence et la juste récompense de leur fidélité à une patrie qui est aussi la nôtre, la France.

                                     

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