Jean-Marie Cavada : Soutien total à François Bayrou et aux idées qu'il porte !
Jean-Marie Cavada était l'invité de Christophe Hondelatte ce matin sur RTL. A propos du climat de défection qui régnerait au sein de la formation de François Bayrou, Jean-Marie Cavada ironise : « Je n'ai pas pris de carte à tarif dégressif. Je soutiens non seulement le candidat à l'élection présidentielle, mais également les idées qu'il porte. » Cette campagne que le député européen mène auprès de François Bayrou doit mener vers une rénovation de nos institutions et de la République, qui en a besoin, selon lui.
André Santini est parti de la formation qui l'avait porté au pouvoir. Selon
Jean-Marie Cavada, c'est un vote « utile ». Utile pour la suite de sa carrière, non pas
pour la France. Il se peut qu'il existe une connivence entre André Santini et Nicolas Sarkozy,
probablement une convergence d'intérêts. Mais ceux-ci se limitent au département des
Hauts-de-Seine. L'équipe de François Bayrou conçoit la politique à l'échelle nationale.
A savoir si la formation du centre est naturellement de droite, l'ancien président de
l'audiovisuel public répond catégoriquement : « Non. Pas du tout. Il se peut que Monsieur
Santini ne supporte pas l'élargissement, justement, de notre mouvement vers le centre-gauche. Mais
bien plus sûrement, c'est de son avenir personnel qu'il se soucie, moins de celui de notre
pays. » Si Jean-Marie Cavada s'est engagé en politique aux côtés de François Bayrou, c'était
dans l'idée de former un grand parti du centre à l'identique de ce qui se fit en Allemagne dans les
années soixante-dix. Un parti centriste gouvernait alternativement avec la droite du Chancelier
Kissinger et la gauche de Willy Brandt. C'est à l'atténuation de la bipolarisation de la vie
politique française qu'il est souhaitable de parvenir. Selon Jean-Marie Cavada, l'élection
présidentielle est le moment ultime pour atteindre cet objectif de bousculer les lignes. Certes,
l'électorat de base de François Bayrou se trouve plutôt à droite de l'échiquier politique. Mais ces
frontières s'estompent. Elles ne sont plus aussi figées qu'auparavant. Les enfants de Jacques
Delors apportent de l'air frais au débat démocratique. Ceux qu'on appelle les sociaux-démocrates,
dont on dit que c'est un gros mot. Jean-Marie Cavada l'accepte avec bonheur.
Cette influence se fait sentir notamment dans le projet économique de François Bayrou.
« Il est balancé de manière nordique. » précise-t-il. « La social-économie, telle
que nous l'avons présentée aux Français, c'est la libération de l'économie pour produire de la
richesse et la restauration de l'Etat pour la répartir. » Jean-Marie Cavada doit normalement
se présenter aux prochaines élections législatives. Sans préciser quelle circonscription aura sa
faveur, il se dit confiant dans la sagesse des électeurs et ne craint pas de les affronter. Comme à
son habitude, il affrontera ce nouveau suffrage minutieusement, avec respect et modestie.
Quant aux commentaires sur la manière de gouverner avec la droite, avec la gauche, ils
agacent Jean-Marie Cavada : « C'est un peu du bricolage de IVème République. Le séisme des
deux derniers scrutins montre que plus de quatre électeurs sur dix ne vont plus aux
urnes. Arrêtons de jouer avec eux.» D'autant, poursuit-il, qu'on observe aisément un mouvement
de masse de repolitisation de la population française. Les réunions publiques sont pleines. Les
Français reviennent à la politique. C'est le moment de montrer à ce pays qui vit dans le désarroi
qu'un seul camp n'est désormais plus capable de mener la bataille. On a vu successivement l'un et
l'autre, l'UMP et le PS, creuser l'endettement. Ils se sont soigneusement évité la tâche de régler
la question sociale. Les institutions sont en panne. A tel point, démontre Jean-Marie Cavada, que
des partis sont dans l'obligation de « faire la manche » pour obtenir les cinq cents
parrainages nécessaires à la présentation d'un candidat. Il fait référence notamment au Front
national, qui représente de quinze à dix-sept pour cent des votes. Il ne lui exprime aucune
sympathie, mais le préfère dans les travées de l'Assemblée nationale et du Sénat plutôt que dans la
rue. « La place de tous les partis, quelque idée qu'ils portent, est au Parlement. »
martèle-t-il. « Je les combattrai, mais dans l'honneur et aux yeux de tous ! Au coeur
d'un vrai débat, confisqué par un mode de scrutin qui ne correspond plus aux attentes de
l'électorat. » Le député européen pressent un danger à cette situation, si l'on y remédie pas.
Seule la droite ou seule la gauche n'auront pas assez de poids pour implanter ces nouvelles formes
de gouvernement et ces nouvelles structures. La France a besoin de rassemblement. C'est d'ailleurs
un cas unique en Europe que cette situation, rappelle-t-il.
Jean-Marie Cavada insiste aussi sur le fait que le pays ne peut plus se permettre de
s'enfoncer dans l'endettement. Il énonce deux raisons principales : « La première , c'est
l'insulte aux générations futures. Nos enfants, nos petits-enfants paieront encore ce que nous
sommes en train de gaspiller depuis trente ans.. » Jean-Marie Cavada, en bon historien de nos
institutions, rappelle aux auditeurs de RTL que le président du Conseil de la IVème République Guy
Mollet envoyait chaque fin de mois son ministre des Finances à Washington chercher de quoi payer
les fonctionnaires. Le pays était ruiné. Or, on assiste, selon lui, au même phénomène. Le pays se
ruine. « On ne peut pas prétendre restaurer l'équilibre et l'autorité si l'on ne s'attaque pas
à ces questions de front. » poursuit-il. François Bayrou défend la constitutionnalisation d'un
budget en équilibre. Nous nous y attacherons, une fois arrivés aux affaires : « Pas de budget
de fonctionnement -hors les investissements- qui ne soit à l'équilibre, c'est ainsi que nous voyons
la solution immédiate à nos maux. »
A propos de l'affaire Duhamel, du nom du célèbre éditorialiste de RTL suspendu pour avoir
sussuré à quelque étudiants de l'Institut de sciences politiques de Paris qu'il voterait
probablement pour François Bayrou, Jean-Marie Cavada se montre très explicite : à la place des
dirigeants des deux maisons, il aurait pris les mêmes décisions. Mais il ajoute que :
« nous nageons en pleine hypocrisie. Ce système est insensé. » A ce moment, Christophe
Hondelatte, qui fut l'employé de Jean-Marie Cavada à France Inter, ajoute qu'il n'a jamais su les
liens qui unissaient son patron à François Bayrou. Jean-Marie Cavada s'en félicite. Il remercie
Christophe Hondelatte de le dire ainsi à l'antenne. En précisant que son rôle à ce moment-là était
justement de ne pas le montrer. Il poursuit en prenant l'exemple des grands éditorialistes
des journaux américains. Ceux-ci n'hésitent pas à écrire leurs préférences. Quels arguments leur
agréent. Quelles mesures ne leur conviennent pas. Or, en France, c'est le règne de
l'hypocrisie. Alain Duhamel, comme bien d'autres, est en droit de s'exprimer. Jean-Marie
Cavada conclut : « En tant que son patron, je lui aurais juste fait une remarque, demandé de
s'expliquer à l'antenne et ne l'aurais pas sanctionné tant l'on voit de déséquilibre dans cette
affaire. »