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Francois Bayrou
16 février 2007

Pendant ce temps, Bayrou grimpe... dans les sondages

"Si je gagne, il y aura dans mon gouvernement des femmes et des hommes compétents, venus de tous les courants du peuple. Parce que nous avons besoin de tout le monde pour redresser la France".

Paris Match : Vous assurez être différent de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy. Mais qu’apportez-vous de plus qu’eux ?
François Bayrou : Pour redresser la France, il faut sortir du combat perpétuel entre la droite et la gauche. Je suis le seul à le dire. La France a besoin d’un gouvernement nouveau, volontaire, qui agisse sans qu’une moitié du pays flingue l’autre moitié. Un gouvernement qui osera dire aux Français : ceci est indispensable et doit être fait, ceci peut attendre.

Quelles sont vos différences idéologiques avec le P.s. et l’U.m.p. ?
Je ne crois pas qu’il y ait de différence idéologique profonde. Regardez comme ils se copient et s’épient. Ma ligne repose sur un équilibre. Aujourd’hui, des millions de Français veulent sortir du Parti socialiste tel qu’il est, de l’U.m.p. tel qu’elle est. Ces millions de citoyens sont républicains, ils en ont par-dessus la tête de ce duo. Ecouter Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal tous les matins leur sort par les yeux. Ils ont besoin d’une alternative autre que ces deux-là et tous leurs soutiens. Cette solution doit être républicaine et tenir compte des différents courants du peuple français. Je suis le candidat de ces millions de citoyens.

On vous entend davantage attaquer Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal. Est-ce parce que, à vos yeux, il représente un plus grand danger ?
J’affronte les deux. Mais Nicolas Sarkozy dans l’exercice du pouvoir, dans sa manière d’utiliser l’Etat et dans sa démarche politique, s’est plus exposé que Ségolène Royal qui, pour l’instant, n’a pas exercé le pouvoir et n’a pas dit grand chose.

Mais si ! Justement, dimanche, la candidate a fait 100 propositions. Qu’en pensez-vous ?
Son discours ressemble à tous ceux prononcés par les politiques depuis bien longtemps : "je veux, je promets". Ségolène Royal propose 100 mesures dont aucune ne ressort vraiment. Son Smic à 1500 euros brut n’est pas autre chose que le Smic revalorisé au niveau de l’inflation pendant les cinq prochaines années. Elle parle d’augmenter les petites retraites de 5%. Mais 5%, ça représente un euro par jour. On ne change pas la vie des gens avec si peu. Nous devons avoir un plan pour amener les petites retraites à 90% du Smic en cinq ans. Une petite retraite, aujourd’hui, c’est 625 euros. Ce que touche ma mère. C’est très peu après une vie de travail.

Pourquoi intituler votre livre, prévu pour le 28 février, "Le projet espoir" ?
Parce que c’est un projet, c’est-à-dire une vision. J’ai voulu lui donner le nom d’espoir parce que c’est ce qui manque le plus à la France aujourd’hui.

Précisez-nous cette vision.
La France peut jouer les premiers rôles dans le monde, gagner les combats sur la mondialisation, à condition qu’elle sauvegarde son projet républicain fondé sur la solidarité et la fraternité.

Qu’avez-vous l’intention de proposer comme mesures immédiates ?
Que l’on donne à toutes les entreprises françaises la possibilité de créer deux emplois sans charges. Je veux sortir 1,5 million de Français de l’exclusion en leur offrant une activité au service de la société. Je veux que l’on donne la priorité à l’éducation et je garantis les moyens du système éducatif. En contrepartie, je m’engage à des résultats vérifiables : par exemple, plus aucun enfant ne devra entrer en 6 e s’il ne sait pas lire.

Sur l’éducation, justement, pourquoi ne pas avoir mis en œuvre ces réformes lorsque vous en étiez le ministre ?
J’en ai lancé beaucoup, mais depuis, cinq ministres se sont succédé et ils les ont peu à peu abandonnées. Lorsque j’étais ministre de l’Education nationale, l’indice de satisfaction des parents à l’égard de l’école était au plus haut qui ait jamais été enregistré. C’était il y a bientôt quinze ans. Depuis, les temps ont changé, les problèmes se sont aggravés.

Quelle serait votre France dans le monde pour les quinze prochaines années ?
La France est le seul pays de la planète ayant un projet de société qui résiste au modèle financier dominant. C’est un besoin pour les Français et pour le monde. Il faut garder ça. Il faut que l’on se rassemble autour de ce modèle et que l’on rassemble d’autres pays autour de ce modèle. Nous sommes et nous serons une puissance de référence dans le monde à condition que l’Europe existe, autrement nous serons balayés.

Pour atteindre ces objectifs, vous prônez le rassemblement. Or, déjà Valéry Giscard d’Estaing espérait réunir deux Français sur trois, Raymond Barre rêvait, lui, d’un grand centre… Pourquoi serait-il possible aujourd’hui ?
Parce que le mur de Berlin a disparu et que tout le monde voit maintenant les échecs successifs des deux camps. C’est fascinant de constater qu’il n’y a même plus de différences idéologiques entre eux. Le changement que les Français attendent, doit renvoyer vers le passé ces deux approches caricaturales. Aujourd’hui les citoyens savent qu’aucune alternance entre l’U.m.p. et le P.s. ne leur a permis de sortir de la crise. Au contraire.

Comment l’U.d.f. pourrait-elle passer d’une petite trentaine de députés à une majorité à l’Assemblée ?
Les candidats soutenus par la majorité nouvelle le seront sous une nouvelle étiquette parce que, derrière cette élection, je bâtirai un parti nouveau. Il présentera aux Français des femmes et des hommes nouveaux parce que l’on n’en peut plus d’avoir toujours les mêmes. L’exigence de renouvellement est aussi importante que l’exigence de rassemblement.

Est-ce que cela signifie qu’en cas de victoire, vous intégrerez ces personnalités au sein de votre nouveau parti ?
Nous avons besoin d’un parti pivot. Nous l’aurons. Mais chacun pourra rester ce qu’il est parce que je ne veux pas d’un parti qui domine tout.

Dans le rassemblement que vous prônez, ne parlez-vous pas aussi de gouverner avec des personnalités du P.s. et de l’U.m.p. ?
Si je gagne, il y aura dans mon gouvernement des femmes et des hommes compétents qui représenteront les courants principaux du peuple français : des femmes et des hommes du centre, des gaullistes, des socialistes républicains, même des membres de l’U.m.p. que je trouve sérieux. Parce que nous avons besoin de tout le monde pour redresser la France, en tous cas pour les cinq ans à venir. Après, si les choses vont mieux, peut-être qu’ils retrouveront les vielles habitudes ! Mais je suis persuadé du contraire.

Vous croyez vraiment possible de réunir dans un même gouvernement Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ?
Peut-être pas ces deux-là ! Mais il y a des tas de personnes bien autour d’eux qui méritent de se voir confier des responsabilités. Je sais bien, pour l’avoir expérimenté mille fois, que l’on peut faire travailler ensemble Jean-Louis Borloo, Bernard Kouchner…                                  

Comment analysez-vous le ralliement à Nicolas Sarkozy de quelques uns de vos députés U.d.f.?
Ce sont trois ou quatre personnes sur les soixante-quinze parlementaires de mon groupe.. Mais ceci n’a aucune importance. Nicolas Sarkozy se trompe en croyant que les débauchages vont le servir. C’est exactement cette politique que je rejette. Les débauchages font honte à la politique.

Que répondez-vous à "l’ouverture" que préconise Nicolas Sarkozy ?
L’ouverture, quand on veut tous les pouvoir pour soi, c’est juste un alibi.

Pourquoi refusez-vous de vous prononcer pour le candidat que vous soutiendrez si vous n’êtes pas au second tour ?
Parce que je serai au second tour.

N’avez-vous pas peur de pâtir d’un vote utile pour éviter un Le Pen au second tour ou d’un vote réflexe pour le P.s. ou l’U.m.p. ?
Je n’ai peur de rien. Si j’avais peur, je ne me serais pas présenté.

Vous pronostiquez un second tour entre Bayrou et Royal ou entre Bayrou et Sarkozy ?
Je prendrai ce que le Français décideront. Mais je sais qu’ils voudront ce changement.

Irez-vous à l’émission de TF1, "J’ai une question à vous poser" ?
J’ai besoin d’avoir des assurances sur la manière dont ça se prépare.

Pourquoi ?
Parce qu’il y a eu de nombreux bruits sur la manière dont a été préparée la première émission avec Nicolas Sarkozy. Je veux y voir clair.

Faites-vous notamment allusion au fait que Nicolas Sarkzoy aurait été informé au préalable des questions ?
Par exemple.

Pourquoi attaquez-vous autant les médias, alors que vous êtes aujourd’hui reçu partout ?
Parce que les Français sont inquiets d’être manipulés par eux. Reconstruire la République, c’est aussi reconstruire la confiance dans les médias. Aujourd’hui les inquiétudes sont plus fortes, parce qu’il y a de très grands intérêts économiques et financiers qui se mélangent avec les décisions de l’Etat. Ce n’est pas sain et je l’interdirai.

Depuis 2002 on vous sent plus apaisé, plus serein. Avez-vous changé ?
J’ai mûri. Changé je ne crois pas. J’ai toujours eu les mêmes lignes de fond. Mais j’ai passé cinq années à rencontrer les Français tous les jours, à réfléchir au destin du pays, à m’opposer à ce qui était inacceptable et l’on n’est pas pareil au bout de cinq ans de cette traversée de la France. Je pense que les Français ont besoin d’un Président qui soit le même dans sa vie d’homme et dans sa vie publique.

Comment êtes-vous dans votre vie d’homme ?
Je suis le même homme. C’est-à-dire serein, calme, aimant, connaissant son pays, sa culture, sa langue, et plein de compréhension y compris pour ceux qui ne pensent pas comme moi.


Propos recueillis par Caroline Fontaine

Paris Match

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